Disposer de places de parking toujours libres en centre-ville : c'est un casse-tête pour la plupart des municipalités. La solution pourrait bien se trouver dans une nouvelle génération d'horodateurs automatisés, en communication directe avec la police. En cas d'infraction, un message est automatiquement envoyé aux forces de l'ordre, qui n'ont plus qu'à se déplacer pour verbaliser.
Trois villes de la région parisienne, Issy-les-Moulineaux, Suresnes et Rueil-Malmaison, ont commencé à installer ces nouveaux appareils, déjà utilisés dans une demi-douzaine d'agglomérations en province. Selon les premiers retours d'expérience, les bornes de stationnement communicantes permettraient d'améliorer la disponibilité des places de parking grâce à leur effet dissuasif.
Baptisés Statio'minute, ces horodateurs sont installés près des « places-minute », des emplacements de stationnement gratuits pour une durée limitée. Une boucle électromagnétique dans la chaussée détecte l'arrivée d'une voiture, ce qui déclenche alors un compte à rebours. Et le délai de stationnement autorisé figure clairement sur l'écran lumineux de l'horodateur.
Une fois le temps écoulé, si l'automobiliste ne déplace pas sa voiture, la borne passe en mode infraction. Un message dissuasif s'affiche alors, tel celui d'Issy-les-Moulineaux : « Dépassement - Appel police - Amende : 35 euros ». Parallèlement, un message est transmis par liaison filaire ou radio (GPRS, Wi-Fi) à une borne centrale. « Cette dernière prévient alors un agent chargé du contrôle du stationnement (ASVP (1) ou police municipale) en lui envoyant un message par SMS, e-mail ou fax », explique Claude Zandona, directeur général de
Technoliala start-up française qui a développé les Statio'minute. La police peut également suivre en temps réel sur un écran toutes les informations relatives à l'état des bornes, et décider ou non d'intervenir.
Sous le capot, ces horodateurs renferment de véritables ordinateurs, avec carte mère, processeur, mémoire et possibilité de mettre à jour le logiciel à distance. Les concepteurs évoquent même l'éventualité d'y incorporer un appareil photo, comme sur les radars automatiques installés au bord des routes. On pourrait alors imaginer un système entièrement automatisé, de la constatation de l'infraction (avec photo de la plaque d'immatriculation) à l'expédition du procès-verbal. Un projet qui, selon Technolia, n'est pas à l'ordre du jour dans les mairies ayant recours au Statio'minute, pour lesquelles l'objectif n'est pas la répression à tout crin.
Une borne capable de gérer deux places de stationnement vaut en moyenne 3 000 euros. Un coût élevé difficilement rentable. « Mais la rentabilité n'est pas le but, précise Nicolas Lemaître, responsable de l'équipe ASVP du Touquet-Paris-Plage. La Ville a investi pour que les clients des commerçants puissent se garer facilement. »
Le discours est le même à Suresnes, où deux bornes seront prochainement installées. Mais la municipalité des Hauts-de-Seine n'utilisera pas la fonction de télétransmission à la police, et se contentera d'un avertissement aux automobilistes en infraction.
Quant à la station pas-de-calaisienne, elle est équipée depuis plus d'un an de ces horodateurs délateurs pour assurer la surveillance de 96 places-minute. Et, selon Nicolas Lemaître, la dissuasion est efficace : le taux de rotation des places de parking a été multiplié par trois. « Les gens savent que, s'ils sont en infraction, un agent va venir rapidement », explique-t-il. Cette rapidité d'intervention serait la clé du succès.
Issy-les-Moulineaux devra d'ailleurs s'améliorer sur ce point puisque aujourd'hui, par exemple, sur les trois places équipées, deux étaient en infraction depuis plus de quinze minutes.
Les horodateurs interactifs sont amenés à évoluer dans les prochaines semaines. Technolia s'apprête à les transformer en hot spots Wi-Fi gratuits. Passants et automobilistes pourront ainsi s'en servir pour surfer sur Internet ou passer un appel. Les parcmètres high-tech pourront aussi indiquer les places de stationnement libres aux alentours.
(1) Agents de surveillance de la voie publique.