Hérault
Les cyber-escrocs roumains savaient manipuler la haute technologie . A La Grande-Motte, le gang avait installé un vrai laboratoire pour fabriquer de fausses cartes bancaires.
Ils avaient déjà chargé leurs voitures, à ras bord, et s'apprêtaient à repartir en Roumanie, avec un butin de plus de 50 000 €, amassé en moins de deux semaines. Juste avant, ils ont voulu tenter un dernier raid en grande surface. Jeudi après-midi, à Lattes (Hérault), en banlieue de Montpellier, après avoir une nouvelle fois "fait chauffer" d'étranges cartes bancaires, ce couple de jeunes Roumains a été interpellé par le Service régional de police judiciaire. Au même moment, deux autres comparses étaient arrêtés à leur retour d'un centre commercial d'Avignon. Depuis dix jours, ces quatre suspects étaient placés sous surveillance par la PJ de Montpellier, alertée par un policier roumain détaché à Paris : avec l'entrée de la Roumanie dans l'Union Européenne, au 1 er janvier 2007, la coopération policière s'est considérablement renforcée entre les Etats. Et à Bucarest, on suit de très près l'activité de certains malfaiteurs locaux, ultra-spécialisés et branchés sur de la très haute technologie. Des gangsters intégrés dans des réseaux capables de fabriquer de toute pièce des cartes de paiement qui déjouent tous les systèmes de sécurité.
Dans l'appartement qu'ils avaient loué à la Grande-Motte, les policiers ont découvert un véritable laboratoire, une usine à fausses cartes. Des ordinateurs, des encodeurs, des cartes vierges, d'autres imprimées : « Ils récupèrent sur des sites internet ukrainiens des numéros de cartes associés à des identités, et les fabriquent ensuite en même temps que les pièces d'identité où apparaissent leurs photos », explique un enquêteur de la division des affaires financières. Avec ça, les escrocs n'ont plus qu'à partir faire leurs courses, en ciblant les produits dernier cri : écrans plats, consoles de jeu, camescopes, mais aussi parfums, bijoux. « Quand ils tournent à fond, ils peuvent faire 10 000 € par jour », précise un autre policier. « On voit là la conséquence des alertes qui touchent régulièrement internet sur des opérations de "fishing", une criminalité en plein essor », explique le commissaire Francis Choukroun, directeur du SRPJ de Montpellier. « Cela consiste à faire croire à quelqu'un qui achète sur internet qu'il est sur un site officiel, alors qu'il est sur un faux site où on récupère toutes ses coordonnées. »
La technologie n'est toutefois pas parfaite, d'où ce conseil donné aux commerçants : « Si la carte ne passe pas, ces gens en sortent aussitôt d'autres, jusqu'à ce que la transaction soit faite. C'est là qu'il faut se méfier. » Les quatre Roumains, trois hommes et une femme d'une trentaine d'années, ont été mis en examen pour association de malfaiteurs, escroquerie en bande organisée, et sont écroués. « On sait que cette équipe avait loué les ordinateurs servant au réseau à fabriquer les cartes. Ils les avaient récupérés dans les colonnes sèches d'un immeuble de la Grande-Motte, où leurs prédécesseurs les avaient cachés, pour brouiller complètement les pistes. »
http://www.midilibre.com/articles/2008/03/11/20080311
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