L'impact semble réel, mais plus faible que prévu : selon le groupe de travail sur l'interdiction de fumer, la mise en œuvre de la mesure s'est plutôt bien passée.
Mais ces conclusions, à peine publiées, sont contestées par les buralistes. Aux 6% de baisse de fréquentation évoqués, ils opposent leur propre évaluation : -18%.
Quel est l'impact exact de la loi anti-tabac ? Sa mise en oeuvre dans les bars-tabacs et restaurants s'est-elle traduite par une réelle baisse de leur chiffre d'affaires ? Les intéressés l'affirment. Mais sans pouvoir annoncer jusqu'à présent autre chose que des estimations à la louche... Ces chiffres attendus, les voici donc : le groupe de travail sur l'interdiction de fumer dans les lieux publics, coordonné par le Comité national contre le tabagisme, a divulgué son bilan ce mardi. S'il montre une évolution depuis l'entrée en vigueur de l'interdiction dans les restaurants, ce bilan est néanmoins plutôt décevant. En janvier, globalement, une baisse de 6% de la fréquentation et de 5% du chiffre d'affaires a été observée dans les cafés et restaurants. Mais il est difficile de savoir quelle est la part due à la loi anti-tabac... et la part due à la baisse du pouvoir d'achat des Français.
Les syndicats professionnels membres du groupe de travail sur l'interdiction de fumer dans les lieux publics, qui affirment représenter 95% du secteur CHRDC (Cafés, Hôtels, Restaurants, Discothèques et Casinos), reconnaissent d'ailleurs que la mise en place de la mesure s'est dans l'ensemble bien passée. Ils n'en demandent pas moins des "mesures d'accompagnement pour ceux qui ont le plus souffert". Ainsi, Serge Vendemini, professeur de gestion à l'université de Paris 2, a qualifié l'impact économique du premier mois d'application de "finalement faible", mais "contrasté" selon les établissements.
Les buralistes avancent leurs propres chiffres
Selon Serge Vendemini, cet impact a ainsi été "quasiment nul à Paris", dans la moyenne dans les grandes villes, mais plus prononcé, "autour de - 9%", en zone rurale. Les premiers chiffres de février laissent toutefois pressentir "un phénomène de trou d'air" pour les 2è et 3è mois, l'effet de "curiosité" étant passé et les problèmes de pouvoir d'achat persistant. Le Pr Vendemini se dit toutefois confiant en une reprise de fréquentation en avril, espérant "un printemps du (secteur) CHRDC".
Des conclusions somme toute modérément optimistes... mais déjà contestées par une autre profession directement concernée : celle des buralistes. La Confédération des buralistes, actuellement en négociation avec les pouvoirs publics pour tenter d'obtenir la possibilité d'implanter des pièces réservées aux fumeurs, avec appareils d'extraction ou d'épuration d'air homologués, ainsi que des dérogations pour les petits établissements, s'est offusquée mardi d'un tel rapport. Surtout, elle s'est étonnée de la mise en place d'un groupe de travail sur l'interdiction de fumer dans les lieux publics "dans lequel les buralistes ne sont même pas représentés".
La Confédération des buralistes avance donc ses propres chiffres : selon elle, la loi anti-tabac a entraîné une baisse de 18% à 20% de l'activité "au comptoir" (vente de cafés, boissons et sandwichs) dans les bars-tabac entre le début de l'année et le 15 février. La région du nord de la France et la banlieue parisienne seraient les plus affectées. Les buralistes pâtiraient également d'un recul de 12% à 15% de l'activité jeu et évoquent "une perte considérable de l'ambiance" dans leurs établissements.
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