Les programmes des télévisions et radios publiques ont été fortement perturbés mercredi par une grève d'ampleur dans le secteur, sans précédent depuis 1974, pour demander la "pérennité" du service public après l'annonce de la suppression de la publicité.
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La manifestation nationale à Paris a rassemblé près de 4.000 salariés selon les organisateurs, 1.800 selon la police. Dans le cortège ont défilé des salariés de France Télévisions, Radio France, TV5Monde et RFI, peu habitués à manifester, aux cris de "ni pub, ni soumises".
A France Télévisions, la grève a été "massivement suivie", avec 44,8% de grévistes en moyenne sur l'ensemble du groupe, selon la direction. Ils étaient 42,8% à France 2, 57,4% à France 3, 13% à France 4, 11,2% à France 5 et 40,1% à RFO. Des pourcentages de grévistes inédits ont été atteints, allant jusqu'à 69% au service des sports de France 2.
Le directeur des sports de France Télévisions, Daniel Bilalian, a cessé le travail pour la première fois depuis 1974.
France 3 n'a pu assurer normalement ses éditions d'information (12-13 et 19-20). En revanche les Victoires de la musique classique sur France 3, à 20h50, devraient être maintenues.
Sur France 2, l'émission Télématin et le journal télévisé de 13h00 ont été annulés.
Celui de 20H00 a été assuré, mais est revenu très longuement sur la grève, avec notamment des reportages et une interview de la ministre de la Culture Christine Albanel. "C'est de l'avenir de votre télévision dont il est question", a déclaré le présentateur David Pujadas.
A Radio France, environ 18% des quelque 3.000 salariés ont arrêté le travail le matin, et 24,85% l'après-midi.
Il n'y a pas eu d'antenne de la journée sur France Inter. France Musique et France Culture ont pu assurer leurs éditions matinales mais rien par la suite.
France Info n'a diffusé que quelques journaux toutes les demi-heures; le réseau local de France Bleu (41 stations) a aussi été affecté.
A TV5 Monde, le taux de grévistes était de 65%. Aucun journal n'a été diffusés, à la faveur d'une mobilisation qui s'inscrit dans le cadre de la réforme de l'audiovisuel extérieur public. Radio France Internationale (RFI) était également perturbée, avec 40% de grévistes.
Cet appel à la grève de 24 heures, de la part de plusieurs intersyndicales, constitue un mouvement sans précédent dans l'audiovisuel public depuis l'éclatement de l'ORTF en 1974. Il vise à demander des garanties de financement du secteur, après l'annonce surprise par Nicolas Sarkozy le 8 janvier de la suppression de la publicité.
Le manque à gagner est évalué par France Télévisions à 1,2 milliard d'euros. A Radio France, les recettes publicitaires représentent 8% du budget.
Christine Albanel a réaffirmé que le manque à gagner serait compensé "euro par euro" et les périmètres du service public maintenus. Elle s'est également engagée sur une dotation budgétaire pour pallier le manque à gagner subi par France Télévisions dès 2008.
Mais aucune alternative précise et chiffrée n'a été arrêtée.
Mme Albanel devait recevoir les syndicats ce mercredi mais ceux-ci ont refusé, demandant à être reçus par le président Sarkozy, "vu l'ampleur de la mobilisation". M. Sarkozy doit se prononcer prochainement sur les modes de financement alternatifs.
Le PS a apporté son soutien à la grève et demandé au gouvernement de "renoncer" au projet. Le président du MoDem, François Bayrou, a jugé que la décision du chef de l'Etat, "abrupte et peu réfléchie", ne "profitera qu'aux "détenteurs de chaînes privées".
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