NEW YORK (AFP) - Le géant américain des logiciels Microsoft a offert vendredi de racheter le groupe internet Yahoo!, numéro deux mondial de la publicité en ligne, en présentant une offre non sollicitée de 44,6 milliards de dollars, pour rivaliser avec le leader mondial Google.
Devant cette offre au prix fort -- de 62% supérieur à son cours en clôture de la veille -- Yahoo! est resté prudent, se bornant à répondre peu après qu'il "l'examinerait très attentivement". Sans attendre l'avis du conseil d'administration de Yahoo!, le marché s'est en tous cas réjoui de cette perspective d'argent frais et l'action Yahoo! a bondi de 48,50% à 28,38 dollars, à Wall Street, se rapprochant du prix proposé par Microsoft. Le géant des logiciels a proposé un rachat moitié en cash et moitié en actions, équivalant à 31 dollars par action Yahoo!.
Le groupe créé par Bill Gates domine le monde des micro-ordinateurs mondiaux avec ses logiciels, mais n'est qu'un lilliputien dans la publicité en ligne. Il justifie son offre par le fait que ce marché "croît à un rythme très rapide et passera de 40 milliards de dollars en 2007 à 80 milliards en 2010".
Selon lui, un mariage des deux groupes rivaliserait avec "l'acteur dominant" de la publicité en ligne -- Google, que Microsoft ne cite pas nommément -- et permettra à Microsoft de s'engager sur un nouveau modèle: celui des logiciels disponibles sur internet et financés par la publicité.
De son côté, la commission des affaires judiciaires du Congrès a annoncé vendredi soir qu'elle organiserait une audition le 8 février pour examiner l'offre de rachat de Microsoft. Cela représenterait "certainement l'une des plus importantes fusions dans le secteur de la technologie et présente de gros problèmes par rapport au paysage concurrentiel de l'internet", ont souligné les parlementaires John Conyers, reponsable de la commission, et Lamar Smith, dans un communiqué. "La commission auditionnera des experts qui mesureront si (ce projet) représente une consolidation à promouvoir ou s'il entame les principes fondamentaux d'un internet concurrentiel", précise le communiqué.
"Aujourd'hui, le marché de la publicité en ligne est de plus en plus dominé par un acteur. Ensemble, Microsoft et Yahoo! peuvent offrir un choix concurrentiel tout en répondant mieux aux besoins des clients et des partenaires", a déclaré Microsoft dans un communiqué. Google encaisse environ un tiers des recettes mondiales de publicité en ligne, loin devant Yahoo! qui en récolte moins de 15%. Microsoft est très loin derrière.
Microsoft a aussi révélé avoir déjà essayé en vain de racheter Yahoo! fin 2006-début 2007, mais que sa cible avait repoussé ses avances en raison du "potentiel de hausse" de l'action du groupe.
"Une année a passé, et la situation concurrentielle n'a pas changé", lance Microsoft sans détours. Cette petite phrase est à la fois un aveu d'échec face à la montée de Google et une allusion aux déboires de Yahoo!, qui s'est fait de plus en plus distancer par Google et a vu chuter son cours boursier.
Microsoft s'est fait pressant, en proposant une rencontre "dès que possible", et en laissant entendre qu'il en appellerait directement aux actionnaires de Yahoo! en cas de refus.
Les analystes estiment que Microsoft, qui tire plus de 80% de ses recettes de la vente de ses logiciel, doit se diversifier, car il est menacé par l'émergence des logiciels gratuits sur l'internet, comme ceux lancés justement par Google ces derniers mois.
Récemment, son PDG Steve Ballmer avait surpris en affirmant que, dans les prochaines années, Microsoft voulait à terme réaliser 25% de son chiffre d'affaires dans la publicité en ligne. Une alliance entre Microsoft et Yahoo! les rapprocherait sérieusement de Google, même s'ils resteraient clairement derrière le leader mondial.
"Cette initiative est audacieuse", d'autant que M. Ballmer "n'aime pas ce genre de grosses acquisitions", a commenté Michael Gartenberg, du cabinet Jupiter Research. Dans une conférence téléphonique, les dirigeants de Microsoft ont reconnu vendredi que leur groupe pourrait ainsi miser sur le nouveau modèle des logiciels en ligne financés par la publicité.
"Cette annonce est une étape majeure dans la transformation de Microsoft", a commenté M. Ballmer. "Cela permettra une synergie entre logiciels et revenus publicitaires".
src